Difficile de donner un seul titre à cet article, j’aurais très bien pu l’intituler:
“Le regard des autres, un moteur ou un frein?”
“Comment se libérer du regard des autres?”
“À travers le regard des autres, sommes nous libres?”
“Le regard des autres, élan ou jugement?”, etc…
Vous l’aurez compris ce thème est vaste et complexe, emprisonnant ou salvateur selon le point de vue que nous décidons d’adopter.
Si j’ai décidé d’écrire un article sur le regard des autres, c’est que nous sommes nombreux ( des patients, des amis, des proches,…) à souffrir du regard des autres. Peu d’entre nous s’expriment sans relater la peur du jugement ou du regard des autres. Je vais alors tenter de vous apporter des réponses à toutes ces questions.
Le regard des autres est il un poids dans notre vie? Lorsqu’on se retrouve face à un choix, une décision, sommes nous vraiment libre ( j’entends libre d’être Soi)? Ou sommes nous inconsciemment, et/ou indirectement influencés par les autres?
Et qui sont “les autres”? Nos parents, nos proches, nos amis, notre conjoint, nos enfants, nos voisins, nos collègues, nos supérieurs, la société ou toute personne que nous croisons?
Le regard des autres influencent-ils le regard que nous avons sur nous même, sur nos qualités ou bien nos défauts, sur nos compétences, sur notre capacité à faire telle ou telle chose?
Le regard des autres est il limitant ou favorisant?
Le manque de confiance en soi est il la cause ou la conséquence de l’influence que peut avoir le jugement d’autrui sur nous même et sur notre propre vie?
Un enjeux éducationnel:
Dès la naissance, l’enfant commence sa vie en prenant pour modèle ses parents (ou figures parentales), ainsi influencé par l’environnement dans lequel il évolue. Il peut également avoir un ou plusieurs aînés, auxquels il sera de façon volontaire ou non, comparé. Ses parents l’eduqueront en lui donnant des valences ( valeurs de jugement), s’apparentant à un “c’est bien” ou un “c’est mal”. Ainsi le “c’est bien”, donne droit à un sourire, un encouragement, une reconnaissance, un ton enjoué, une fierté, tandis que le “c’est mal” donne lieu à un visage fermé, un ton plus stricte, voir même un sentiment de décevoir. Bien que l’enfant ait besoin d’acquérir les notions de bien ou mal afin d’évoluer dans sa famille, et dans la société, on s’aperçoit dès lors qu’une relation de dépendance au regard de l’autre (nécessaire dans les premières années de vie) s’instaure.
Plus tard, à l’adolescence, il se passe ce qu’on nomme en psychologie “la séparation-individuation”, autrement dit la période de la vie ou l’enfant devenu jeune adulte s’indivudalise, et apprend à penser par lui-même, parfois différemment de ses parents. Il développe ainsi ce qui deviendra son identité avec ses croyances, ses opinions conservant certains principes et certaines valeurs issues de son éducation et en en intégrant d’autres.
Mais si cette période de “séparation-individuation” permet à un individu d’exister et de penser par lui même, en quoi le regard des autres est il un problème?
Et bien, avoir une identité, ses propres opinions, penser par soi-même n’est pas nécessairement corrélés au fait d’avoir confiance en soi…
Moi et mes pairs
Alors que l’identité du jeune adulte se construit, son individualité demeure encore fragile. On remarque alors qu’à cette période de notre vie nous recherchons à appartenir à un groupe, à être accepté, intégré, aimé… Or, c’est en tendant à étre accepté, intégré et aimé ( et pas toujours pour ce que nous sommes en réalité), que cette relation de dépendance au regard de l’autre demeure.
Combien d’entre nous, dirons avoir passés plus de temps dans leur vie à être ce qu’on attendait qu’il soit plutôt qu’à être ce qu’ils sont réellement ( au plus profond de leur être)?
Vous l’aurez compris, à l’âge ou nous tendons à nous individualiser (exister par nous-même), nous recherchons l’appartenance à un groupe ( l’approbation, la validation, voir l’acceptation de nos pairs et de sa majorité), manquant encore de maturité pour être, et s’accepter tel que l’on est, indépendamment du regard de l’autre.
Si le nouveau-né, l’enfant et le jeune adulte ont besoin de cette dépendance au regard de l’autre, qu’en est il de l’adulte ?
Le regard des autres, un frein?
Le regard des autres ( sous forme de parole, jugement, ou de demande d’approbations), peut s’avérer être un frein en limitant la liberté de l’individu.
En effet, telle une pression sociale ou familiale qui s’exercera sur l’individu, le comportement de ce dernier pourrait perdre toute authenticité, toute individualité. Il est fort probable qu’en agissant d’une façon socialement acceptable le poussant à une certaine conformité, l’individu en perde son identité et l’éloigne de ses valeurs, principes et convictions. Cet éloignement de ses valeurs intrinsèques et profondes, pour adopter celles d’autrui et ainsi se conformer aux attentes que les autres ont de lui, pourrait créer ce qu’on appelle une dissonance ( un conflit intérieur entre ce qu’il est et ce que les autres attendent de lui).
Pour que le regard des autres ne soient pas un frein, nous devons commencer par apprendre à nous connaître, afin de pouvoir définir nos valeurs et convictions profondes. Ainsi, il nous sera plus facile de définir des limites entre ce que nous sommes et les attentes d’autrui, de garder notre identité, notre liberté d’être, de faire, de dire; et de faire du regard des autres un simple avis consultable dont nous serons les seuls décisionnaires.
Pour illustrer combien le regard des autres (parole et jugement) peut être un frein je voudrais vous faire part de l’histoire des 3 filtres de Socrate:
Comme chacun sait, Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute réputation de sagesse.
Un jour, quelqu’un vient trouver le grand philosophe et lui demande :
– Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ?
– Un instant. Avant que tu ne m’en dises plus, j’aimerais te faire passer le test des 3 filtres.
– Les 3 filtres ?!
– Mais oui, reprit Socrate. C’est ma façon à moi d’analyser ce que j’ai à dire et ce qu’on me dit. Le premier filtre est celui de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?
– Non. J’en ai simplement entendu parler…
– Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité.
Alors passons au deuxième filtre : ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?
– Ah non ! Au contraire.
– Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es pas certain qu’elles soient vraies.
– Euh…
– Pour finir, et c’est mon troisième filtre, est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?
– Utile, non, pas vraiment.
– Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, à quoi bon m’en parler ?
Cette histoire nous apprend combien la parole, le regard, le jugement des autres peuvent être dévastateurs. La parole est un moyen d’expression, et de communication très puissant il peut changer une vie, la propulser à des sommets ou bien la détruire.
Ne pas être impacté par le regard des autres c’est aussi adopter soi-même un comportement bienveillant avec une absence de jugement.
Comment peut on adopter un regard bienveillant?
Le regard des autres, un moteur?
Voir le regard des autres comme étant bienveillant, ou à défaut indifférent nécessite d’adopter soi-même un regard bienveillant.
Pour ainsi dire, nous agissons par mimétisme et par effet miroir, nous avons tendance à penser que les autres pensent ou se comportent comme nous. Alors, de cette façon, si nous décidons (pour notre propre bien et en restant en accord avec nos valeurs) d’être bienveillant, et de se comporter toujours sans jugement, sans supputation, sans croyance à quelques colportations, à l’instar de Socrate, nous saurons reconnaître la bienveillante du jugement, le conseil désintéressé de la pression sociale et/ou familiale. Alors seulement à ce moment là, le regard des autres pourra être un moteur et non un frein. Un moteur pour être soi, s’accepter, s’aimer, se respecter et s’affirmer sans réponse à aucune attente.
Simplement être Soi: Oser être, oser vivre, oser dire, oser exister…
Alors commment se défaire du regard des autres quand il est nocif, voir destructeur ?
A cette question, je dirais qu’il faut tout d’abord être au clair avec qui nous sommes: nos valeurs, nos envies, nos croyances, nos projets, nos convictions, notre façon de vivre et d’appréhender la vie.
Après avoir pu distinguer ce qui relève de SOI et des autres, il est important de dresser des limites au poids du regard des autres dans notre vie. Être capable de le filtrer ( voir ci dessus les trois filtres de Socrate), de le relativiser. Adopter soi-même une attitude bienveillante et sans jugement à l’égard d’autrui nous permet de reconnaître un regard amical et bienveillant d’un regard pouvant nous pousser à être en désaccord avec qui nous sommes. Et surtout s’affirmer, affirmer qui nous sommes! Oser être soi et pas ce que les autres aimeraient que l’on soit…
Image du titre :paintthetownbodyart.com 1ère image: actionfirst.fr/ 2ème image: bedp.e-monsite.com
3ème image: repas-équilibre.fr / 4ème image: ressources-actualisation.fr/ 5ème image: authentico.fr
(Les illustrations tirées d’internet ne m’appartenant pas, je réserve à l’auteur le droit de me demander de les retirer à tous moments )